« Je m’intéresse avant tout à la dissolution absolue de la paternité, à l’anonymat et l’idéal, si je puis me permettre d’employer un tel mot, serait de faire un travail, une œuvre, dans lequel aucune ligne ou presque ne serait de moi, un long travail d’articulation et de connexion. »
Juan Luis Martínez en conversation avec Félix Guattari, 1991
El poeta anonimo o el eterno presente de Juan Luis Martínez, publié de façon posthume en 2013, est un grand collage organisé selon les hexagrammes du Yi-Jing, qui convoque Mallarmé, Baudelaire et les victimes de la dictature, entièrement composé d’images photocopiées. Il ne contient pas un seul poème et rien de ce qu’on peut y lire n’est de la main de l’auteur. La neutralité de la voix poétique, passée au filtre des oracles du Yi-Jing, s’y incarne dans la prédominance mallarméenne du Livre. C’est, pour reprendre les mots du critique ety poète Felipe Cussen, un livre « écrit à la photocopieuse ».