Après des observations attentives, nous avons pu constater :
1. Les bulles qui se forment à la surface du café contenu dans une tasse, ne se maintiennent jamais au point central de la surface, mais se regroupent le long des parois de la tasse.
2. Les bulles ne possédant pas la Notion d’Infini, il leur est impossible de demeurer au point central de la surface. Etant donné l’impossibilité pour une bulle de contenir en elle-même l’Idée d’Infini, elle est obligée de devenir une partie du mur virtuel de contention qui la limite (en l’occurrence, la paroi de la tasse). C’est pour cette raison qu’une bulle, retirée de la surface du café et posée hors de la tasse, disparaît.
3. Aussi longtemps qu’une bulle se sera maintenu au centre de la surface du café contenu dans une tasse, elle sera une bulle-centre dotée de possibilités d’Infini et de personnalité. Dès l’instant où la bulle quitte le centre et commence son voyage vers la paroi de la tasse, elle se dépersonnalise et perd momentanément ses possibilités.
4. Une bulle en train de cheminer (en chemin) vers la paroi de la tasse, sera une bulle-café.
5. Une bulle collée contre la paroi de la tasse, sera une bulle-paroi.
6. Une bulle ayant perdu momentanément sa personnalité pendant son voyage du centre de la surface vers la paroi de la tasse, la récupèrera après avoir intégré l’Infini.
NOTE :
Par opposition, un homme sera ou devra être toujours le centre de l’Infini.
Ramenée à la dimension humaine, la paroi de la tasse ne serait qu’un mur virtuel de contention.
Juan Luis Martínez, La Nueva Novela, Ediciones Archivos, 1977
Traduction : Viviana Méndez, Guillaume Contré y Bastien Gallet
Image : extrait de 2 ou 3 choses que je sais d’elle de Jean-Luc Godard, 1967
https://www.youtube.com/watch?v=8yDiwYdWHmE